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Journal d'un écolo
Journal d'un écolo
14 juin 2011

Le tourisme: mission décervelage

 

Eh bien c’est que le touriste est devenu vraiment épouvantable. Les sociétés traditionnelles sur lesquelles se sont rués les amateurs d’exotisme ont fait naufrage dans les colifichets, la dépendance et la tiers-mondialisation. Les sites naturels sont devenus rencontre de foule et de multitudes. Les lieux sacrés sont zébrés des parkings et des parcours d’autocars.

On est là en face d’un très grands et très instructifs phénomènes du siècle actuel et futur. Les touristes sont là, ou bien ils arrivent, ou bien ils vont arriver, avec leurs équipements, leurs accompagnateurs et leurs pressureurs de porte-monnaie.

[…] la mutation qui a fait d’une activité enrichissante un symbole d’abrutissement est due à l’évolution catastrophique de l’attitude de la civilisation à propos de la spontanéité « naturelle ».

En gros, notre dogme est devenu qu’il est légitime, peut-être meilleur, de s’intéresser à des choses modifiées par nous plutôt que de les contempler ou de s’en servir telles qu’elles sont.

[…]

Le tourisme ne s’intéresse qu’aux « représentations ». Tout est dans l’acte de regardé du préparé. Jamais d’être. Rien que de la visite de ce qui a vécu, de la consommation des actes ou des objets des autres, marchandise à contempler, bien muséifiée et re-suscitée en mort-vivant.

Plus d’idée que la vie peut-être réelle, qu’on peut vivre dans un pays et non seulement regarder. Vivre avec des vraies occupations, des objectifs, des désirs, des raisons d’exister. Être venu là pour quelque chose, s’y trouver parce qu’on a des raisons d’y être, et non pour « tourismer ».

 

François Terrasson, En finir avec la nature, pp. 36-38, 2002 © Éditions du Rocher

 

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